2022 : vers une nouvelle réforme de la formation professionnelle ?
Alors que la dernière réforme de la formation professionnelle date de 2018, les syndicats de salariés et patronaux se sont accordés pour discuter d’une nouvelle évolution de celle-ci. Des discussions qui se poursuivront jusqu’en juin 2022 et qui pourraient déboucher sur une nouvelle évolution de la formation continue en France.
Un premier bilan de la dernière réforme de la formation professionnelle
La loi du 05 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a profondément transformé le système de la formation professionnelle et de l’apprentissage en France. Même si les effets de cette réforme se sont fait sentir, ces évolutions ont quelque peu été freinés ou empêchés par la crise sanitaire du coronavirus, qui sévit depuis presque deux ans. Cette période d’exception a été l’occasion de souligner les carences et les forces du système, et aujourd’hui, les organisations patronales et syndicales se sont accordées sur un accord cadre national interprofessionnel sur la formation (Acni). Les représentants des salariés et des entreprises ont ainsi listé 7 thématiques essentielles, qui devront être débattues avant juin 2022. L’organisation des élections présidentielles devrait permettre, à en croire les organisations concernées, donner plus d’impact et de visibilité à ces débats qui s’annoncent.
Les 7 thématiques retenues par l’accord cadre :
- Encourager durablement le recours à l’alternance
- Professionnaliser l’utilisation du CPF et valoriser les nouvelles modalités de parcours
- Faire du développement des compétences des salariés un enjeu stratégique des entreprises
- Simplifier et améliorer l’efficacité du système de certification au bénéfice des utilisateurs
- Créer les conditions d’un pilotage éclairé de la formation professionnelle
- Financement : disposer de l’ensemble des moyens disponibles
- Poursuivre le chantier des transitions professionnelles (notamment intersectorielles).
La priorité doit rester au développement des compétences mais doit être mieux encadrée
Pour les partenaires sociaux, le développement des compétences, et notamment l’acquisition des nouvelles compétences nécessaires à ces nouveaux métiers qui se multiplient, doit rester l’objectif ultime du Compte Personnel de Formation (CPF). Sans lister les formations bureautiques ou même les formations numériques à privilégier, les partenaires sociaux ont néanmoins souligné un des travers de ce Compte personnel de formation (CPF). En facilitant le choix par tout un chacun des formations continues à suivre, la réforme du CPF a octroyé un pouvoir de décision au salarié sans lui fournir les informations nécessaires. Ainsi le représentant de la CFTC résumait l’opinion de tous les participants en expliquant :
« Aujourd’hui, le CPF est open bar. C’est parfois dévoyé de parler de formation. Les gens sont seuls face à leur compte formation et vont faire des formations qui ne servent à rien. Et malheureusement, le jour où, ils auront un vrai besoin, ils n’auront plus l’argent pour le faire »
Pour remédier à ce que les organisations considèrent comme un obstacle, il faut, selon elle, réfléchir à un CPF professionnalisant. Les acteurs économiques doivent pouvoir accompagner les salariés, afin que leur désir de formation puisse répondre aux besoins de compétences de leurs collaborateurs. Si l’idée peut apparaître comme séduisante et prometteuse en termes de résultats à atteindre, elle n’en perturbe pas moins la finalité de la loi de 2018 : permettre à chacun d’être décisionnaire de son parcours de formation.
Vers une cogestion du compte personnel de formation ?
Pour les signataires de l’accord cadre, le CPF ne permet pas de lier suffisamment le projet individuel du salarié aux besoins ressentis par son entreprise. Sans remettre en cause le CPF de transition – l’accord s’interroge même sur la possibilité d’instaurer une garantie de transition, que chaque collaborateur pourrait mettre en œuvre tous les 5 ou 10 ans -, les signataires disent travailler à un système de cogestion du CPF, permettant à l’entreprise d’accompagner ses salariés. Il ne s’agirait aucunement d’imposer ou de décider, à l’instar de ce qui peut se passer pour le plan de développement des compétences, mais bien d’inciter et de conseiller. Les discussions sur le sujet seront vives, les entreprises acceptant de revoir, à l’occasion, les règles et les modalités d’abondements des financements par l’entreprise elle-même. A ce stade, les pistes évoquées semblent répondre aux attentes des uns et des autres, même s’il faut bien l’avouer, de nombreux points d’opposition persistent. Alors, en juillet 2022 verra-t-il une nouvelle réforme de la formation professionnelle ?