Un reste à charge pour se former ? Pourquoi ?
Une participation sera demandée à tous les apprenants dès lors qu’ils s’engagent dans une action de formation continue. La mesure peut en choquer certains, alors qu’elle apparait incontournable à d’autres. Les arguments des uns et des autres se répondent. Mais quelles conséquences pourraient avoir cette création d’un reste à charge ?
La formation continue participera aux efforts de rigueur budgétaire
C’est une nouvelle, qui était attendue des spécialistes et des acteurs de la formation professionnelle continue. Bien que cette dernière soit toujours considérée comme une priorité pour le gouvernement, principalement dans l’objectif d’atteindre le plein-emploi dans les années à venir, elle sera mise à contribution dans la politique de rigueur budgétaire annoncée par le Ministre d l’Economie, Bruno Le Maire. Il faut dire que ce dernier a dévoilé, il y a quelques jours, un vaste plan destiné à réaliser 10 milliards d’économies dès cette année 2024.
Et tous les ministères devront contribuer à ces efforts, y compris le Ministère du travail. Bien que les arbitrages ne soient pas encore rendus, on devrait voir très rapidement se créer un reste à charge pour les apprenants lorsqu’ils utilisent leur Compte Personnel de Formation (CPF). Si certains dénoncent une mesure injuste et dangereuse pour l’avenir, d’autres se félicitent d’une décision qui devrait, selon eux, corriger des dérives constatées ces dernières années.
La participation financière des apprenants, un frein à la montée en compétences ?
Pour certains observateurs et acteurs de la formation professionnelle, laisser à la charge des apprenants 10 % de la somme à payer, c’est multiplier les obstacles pour montée en compétences. En effet, cette contribution financière devrait impacter plus durement les salariés les plus modestes, alors que toutes les études soulignent que ce sont eux, qui ont le plus besoin de monter en compétences.
De manière plus globale, une inflation du coût de la formation professionnelle (pour les apprenants) conduira inéluctablement à une diminution de la demande et donc à une baisse des actions de formation. Certains économistes s’inquiètent des conséquences, que cette diminution pourrait avoir sur le plan numérique et plus généralement sur la montée en compétences des salariés français, présentée comme une priorité absolue.
Un reste à charge pour l’utilisation du CPF, le gage d’une efficience accrue ?
Pour d’autres, décider que chaque apprenant doive participer au financement de sa formation continue apparaît être la voie idéale. Le Ministère de l’Economie souligne pour commencer, que les demandeurs d’emplois et / ou les personnes très éloignées du marché du travail ne seront pas concernés par cette demande. En revanche, ces mêmes économistes soulignent que ces actions de formation continue ont un coût élevé, et que si rien n’est fait, le dispositif ne pourra pas être maintenu à court ou moyen terme.
Cette instauration d’une participation financière représente donc selon eux la meilleure solution. Le Ministère de l’économie souligne enfin qu’outre les économies ainsi réalisées, la mesure devrait permettre de réduire significativement les actions de formation continue, suivies sans but professionnel (le ministre de l’économie soulignait ainsi, que selon les études de la DARES, 17 % des formations dispensées en 2022 étaient sans finalité professionnelle).