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Pourquoi la formation continue interroge la reconversion professionnelle ?

 Pourquoi la formation continue interroge la reconversion professionnelle ?

On a longtemps présenté la formation continue, comme étant un des leviers mobilisables pour accompagner les parcours de reconversion professionnelle. La situation a radicalement changé, puisqu’aujourd’hui la reconversion professionnelle des salariés est devenue un enjeu majeur pour soutenir le développement de l’économie. Et la formation continue doit alors s’adapter. Comment ?

La reconversion professionnelle, un objectif affiché pour la formation continue

Deux années de crise sanitaire ont fait naître de nouveaux besoins du côté des entreprises, tant en matière de transition écologique qu’en ce qui concerne la transformation numérique de nos sociétés. Ces besoins se traduisent notamment par un fort rebond des offres d’emplois, mais aussi par l’apparition d’une pénurie de compétences dans certains secteurs d’activité. De leur côté, les salariés ont, eux-aussi, durant cette crise sanitaire, pris conscience de l’importance de se former en continu pour renforcer leur parcours professionnel mais aussi se projeter plus aisément dans le futur. Sans agiter le spectre des nouveaux métiers, qui devraient se multiplier dans les années à venir, économistes et spécialistes s’accordent pour l’absolue nécessité de former les actifs, afin que leurs compétences répondent aux besoins du marché de l’emploi. C’est ce que résume parfaitement l’économiste Patrick Artus en soulignant, que l’avenir de la France (qui passera nécessairement par sa productivité) repose en grande partie sur l’employabilité des actifs. Cette employabilité fait ainsi de la reconversion professionnelle un levier essentiel pour atteindre l’un des objectifs du pays : le retour du plein-emploi.

La formation professionnelle pour garantir l’employabilité de chacun

Pendant trop longtemps, la reconversion professionnelle a été pensée comme un outil pour accompagner les salariés d’entreprises ou de secteurs d’activité en difficulté. Elle doit désormais être intégrée dans cette quête de l’employabilité. Certes, les dispositifs comme celui des Transitions Collectives doivent être renforcés. Lancé en janvier 2021, ce mécanisme Transco doit garantir aux entreprises « d’anticiper les mutations économiques  en accompagnant les salariés dont l’emploi est fragilisé à se reconvertir ». De la même manière, le gouvernement veut multiplier la signature d’EDEC (Engagement de développement de l’emploi et des Compétences), accord entre l’Etat et une (ou plusieurs) branches professionnelles définissant un programme de montée en compétences pour les emplois menacés. Mais, ces dispositifs collectifs doivent se renforcer de mécanismes plus individuels, afin d’amplifier ce mouvement. La préparation opérationnelle à l’emploi (POE), visant à former un candidat pour être directement opérationnel, représente une solution à renforcer selon ces économistes, bien que l’on puisse aller encore plus loin dans l’anticipation.

Se préparer à changer d’emploi, un objectif individuel mais un enjeu collectif

Les salariés eux-mêmes doivent intégrer cette nécessité de se former pour leur propre avenir professionnel. Certes, les actifs français se sont massivement emparés de leur Compte Personnel de Formation (CPF), avec une accélération de cette prise en main depuis le début de la crise sanitaire. Cependant, toutes les actions de formation dispensées tant en mobilisant le CPF qu’en s’emparant du dispositif du CPF de transition ne ciblent pas des compétences recherchées par les entreprises. Pour les économistes, la priorité consiste bien à satisfaire à ces nouveaux besoins en compétences des entreprises et donc à inciter les actifs à privilégier les formations numériques notamment et plus généralement toutes celles, conduisant à optimiser cette employabilité. C’est ce que préconisait déjà une note publiée en février dernier par l’Institut Montaigne :

Le CPF pourrait donc être recentré provisoirement sur des formations qualifiantes, pour lesquelles des débouchés sont identifiés.

Si on comprend les intérêts d’une telle proposition, on identifie rapidement que celle-ci remettrait en cause (même temporairement) la liberté de choix, que la loi de 2018 a souhaité instaurer. Il faudra néanmoins répondre à cette question dans les meilleurs délais.

Et vous, estimez-vous que l’utilisation du CPF doit rester totalement libre ? Ou pensez-vous que pour combler cette pénurie de compétences, on doive accepter de privilégier les formations les plus demandées par …les entreprises ?